Interview avec Georges Mischo dans Le Quotidien

"On est sur le bon chemin"

Interview: Le Quotidien (Romain Haas)

Le Quotidien: Vous avez présenté une feuille de route très ambitieuse. On vous sent très motivé. Mais pour quelles raisons réussiriez-vous là où d'autres ont échoué?

Georges Mischo: Je ne dis pas que les autres n'étaient pas motivés, mais en tout cas, moi je le suis. Le but est de faire avancer le sport luxembourgeois. J'ai beaucoup de connexions, tant au niveau des fédérations que des clubs ou des athlètes, depuis des années. Et on a une responsabilité. Dans l'accord de coalition, on a fixé nos buts et nos idées. Et nous sommes redevables de nos électeurs. On a une responsabilité envers eux. Maintenant qu'on a bien parlé, il faut qu'on se mette à bosser. De toute façon, si on n'essaie pas, on n'y arrivera pas.

Le Quotidien: Vous partez de loin car, vous l'avez rappelé, le budget des Sports est infinitésimal.

Georges Mischo: Oui, c'est 0,21 % du budget global. C'est une catastrophe. Nous avons un budget d'environ 55 millions d'euros. Je n'ai rien à dire contre l'éducation musicale, mais c'est la somme qui lui est également allouée. Le budget de la Culture, c'est trois fois le budget des Sports. Je suis d'avis qu'il faut considérablement augmenter ce montant pour le ministère des Sports. L'ambition, c'est qu'il atteigne 1 % à l'avenir.

Le Quotidien: Est-ce que Luc Frieden partage la même opinion?

Georges Mischo: Je le crois, oui. Après, on n'est pas des sorciers. Avec le budget défini pour l'année prochaine, on ne peut pas faire de magie. Mais le Premier ministre et le ministre des Finances ont compris qu'il fallait investir davantage dans le sport. Et qu'il fallait travailler transversalement avec les autres ministères. C'est pour cela que quand j'ai rencontré la ministre de la Santé, elle m'a dit qu'il fallait qu'on travaille ensemble. Le but est d'avoir des pistes ensemble pour améliorer la situation. Faire entrer le sport dans la vie quotidienne des Luxembourgeois.

Le Quotidien: Ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Notamment à l'école?

Georges Mischo: Lors des trois dernières années de lycée, il n'y a qu'une heure de sport par semaine. Soit 50 minutes. Vous enlevez le temps qu'il faut pour se changer avant, se changer après, on est sur trente minutes. Les élèves qui ne sont pas intéressés, une fois, ils vont oublier leurs affaires, une autre, ils vont être malades. C'est un immense chantier. Mais je sens qu'avec le soutien des autres ministres, on peut faire bouger les choses.

Le Quotidien: Selon vous, à partir de quand pourra-t-on voir les premiers changements?

Georges Mischo: Dès l'année prochaine. On va changer quelques lois. On va avoir plus d'argent à dépenser pour permettre notamment aux fédérations d'engager plus d'entraîneurs ou de directeurs techniques. On a besoin de plus d'argent pour attirer les meilleurs techniciens. Si on les paie une misère, ils resteront en France, en Belgique, en Allemagne ou ailleurs. Il faut qu'on soit attractifs. Qu'ils se disent que venir chez nous, c'est un super bon choix. Qu'il y a la possibilité de faire les JO, les championnats du monde, d'Europe. On a des exemples à suivre. Comme les îles Féroé. Elles ont participé à l'Euro de handball et elles ont même fait match nul contre la Norvège.

Le Quotidien: Dans votre présentation, parmi tous les domaines que vous voulez soutenir ou développer, on retrouve les coordinateurs sportifs dans les communes. Pouvez-vous nous en parler?

Georges Mischo: C'est déjà en place. À l'heure actuelle, il y en a neuf qui couvrent 11 communes... mais il y a tout de même 100 communes! Maintenant, il faut redynamiser les conseils échevinaux. Avec les élections de l'an passé, il y a d'autres bourgmestres qui ne sont pas forcément au courant. C'est pour cela que je vais relancer l'idée des coordinateurs sportifs. À l'heure actuelle, le ministère prend en charge 50% des charges lors des trois premières années. Peut-être qu'il faudrait augmenter cette durée. Si on la fait passer à cinq ou dix ans, peut-être que ça pourra aider de petites communes à se dire qu'elles peuvent tenter le coup.

Le Quotidien: Tout cela coûte forcément énormément d'argent. L'argent, qui reste clairement le nerf de la guerre?

Georges Mischo: Absolument. Comme partout. Dans tous les ministères. Maintenant, je ne veux pas qu'on parle des problèmes du secteur sportif et que quand il s'agit de payer ou d'investir, on nous réponde: merci, mais non merci. Je veux éviter cela. Mais je crois qu'on est bien partis. On est sur le bon chemin.

Le Quotidien: Dans l'idéal, vous auriez besoin de combien par rapport à maintenant?

Georges Mischo: Au moins le double. Maintenant, ça dépend forcément des budgets et de la conjoncture. Si elle est favorable, on aura plus d'argent à dépenser.

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