Romain Schneider: "Ces JPEE étaient un bon cru."

Interview : Le Quotidien (Romain Haas)

Romain Haas : Comment avez-vous vécu ces JPEE? 

Romain Schneider : Je suis resté trois jours entiers. Je dois dire que je trouve que ces JPEE ont été très bien organisés. Il y avait de très bonnes infrastructures, modernes. En plus, le pays est agréable. Personnellement, je le ne connaissais pas, Saint-Marin est méconnu mais les paysages sont splendides. Le centreville est exceptionnel. Et leurs produits régionaux sont excellents. 

Romain Haas : Et sur le plan sportif? 

Romain Schneider :Je crois que notre délégation - qui est la plus forte qu'on n'ait jamais eue - possède un niveau de qualité qui a vraiment tenu ses promesses. 
Je crois que, pour la première fois hors du Luxembourg, nous allons finir largement premiers tant au niveau des médailles d'or que du nombre total de médailles (NDLR : l'entretien s'est déroulé avant la dernière journée de compétition) et que nous allons dépasser notre total de la dernière fois au niveau des médailles d'or. Mais ce n'est pas tout, si on regarde le miroir des médailles, ce n'est pas uniquement des médailles d'or. On a pratiquement autant de médailles d'argent et de bronze, donc on ne peut pas dire qu'il n'y a que l'or et rien derrière. On voit que dans toutes les disciplines, nous sommes compétitifs. Pour moi, ces JPEE étaient un bon cru. 

Romain Haas : Si vous deviez retenir un moment? 

Romain Schneider :Le match de volley messieurs contre Chypre. Je suis arrivé alors qu'on avait une balle pour revenir à deux sets à un. Et je suis resté jusqu'au bout. J'ai vécu tous les sets ensuite. Le 2-2 puis surtout le 3-2 avec 6 balles de match pour Chypre; avec 4 pour nous. Et à la fin, un ballon qui aurait pu tomber d'un côté comme de l'autre. C'était comme dans un Hitchcock. En plus, l'ambiance était vraiment formidable. 
L'autre point que je tiens à retenir c'est, d'une manière générale, l'excellente ambiance au niveau de toute l'équipe. On a vu des sportifs d'autres disciplines aller encourager leurs compatriotes sur tous les terrains, que ce soit au tir à l'arc, dans les compétitions d'équipe au tennis. Chacun est allé encourager l'autre. Et c'est quelque chose qui m'a vraiment impressionné! 

Romain Haas : Avez-vous été surpris ou déçu par cer tains? 

Romain Schneider :Déçu, non. Surpris, oui! J'ai été agréablement surpris de voir que des disciplines dont on ne parle pas forcément tous les jours ont obtenu d'excellents résultats. Par exemple le tir à l'arc ou la pétanque. Au Luxembourg, si on évoque les médailles, on pense forcément davantage au cyclisme ou à la natation. Mais il y a d'autres sports, comme le judo par exemple, ou encore le tir, où nos athlètes ont obtenu des résultats. On constate que nous sommes présents dans de plus en plus de disciplines. Et puis, alors qu'on parle souvent du ph& nomène islandais, on peut voir que les Luxembourgeois n'ont pas grand-chose à leur envier. Hormis au niveau du foot, où l'islande dispose actuellement d'une génération exceptionnelle. Mais sinon, je trouve que la politique sportive au Luxembourg fonctionne plutôt bien. 

Romain Haas : Justement, peut-on se projeter vers les prochains JPEE au Luxembourg. Le Grand-Duché disposera de nouvelles armes comme le nouveau stade, le vélodrome, lé projet LIHPS. Pouvez-vous nous en parler? 

Romain Schneider :Pour l'heure, on sait que les prochains Jeux auront lieu au Monténégro puis en Andorre. Pour le Luxembourg, ça devrait être aux alentours de 2031, mais ça peut être avant en cas de problèmes dans un autre pays. Et effectivement, toutes ces infrastructures seront de nouvelles armes à ajouter à notre arsenal qui comprend également le Sportlycée ou encore l’armée. 
Le Luxembourg Institute of High Performance in Sports est un package avec trois volets : le niveau de la recherche sur le plan sportif qui sera basé à Differdange, le volet médical avec la clinique d'Eich et bien sûr le High Performance Center qui sera à la Coque. Ce concept est un atout de plus en dehors des infrastructures nationales déjà performantes et que l'on est en train de perfectionner, que ce soit des stades, des infrastructures sportives dans des communes ou des régions.
L'idée étant de permettre aux athlètes de se préparer dans les meilleures conditions. Et pas uniquement pour les JPEE. Mais bien pour les championnats du monde ou encore, bien sûr, les JO. Je crois que dans les années à venir, on sera prêts à se perfectionner encore et à aller encore plus loin au niveau international. 

Romain Haas : Des travaux vont débuter prochainement à la Coque. Dans quelle optique? 

Romain Schneider : Nous allons créer de nouvelles infrastructures à la pointe de la technologie. Par exemple, pour étudier, via des caméras, quelle est la meilleure position à adopter sur un ve-10, analyser un saut pour voir ce qu'il y a à travailler. À améliorer. On regarde de manière scientifique le moyen de perfectionner la progression des athlètes. 

Romain Haas : On évoque le fait qu'il s'agira d'un des deux ou trois plus gros centres en Europe. 

Romain Schneider :C'est difficile à dire. Dans d'autres pays, on parle beaucoup d'Olympiastützpunkt (NDLR : Centre d'entraînement olympique). Nous, on dit plutôt que tout ce qu'on a déjà, on va le rassembler. Et on regarde où se situent les déficits, les choses à améliorer. C'est un des outils. Comme l'est également la coopération avec la fédération chinoise de tennis de table. On voit que nos pongistes progressent avec d'excellents résultats, cette semaine à Düsseldorf. C'est également un des éléments qui ne font pas directement partie du High Performance Center, mais qui fait progresser. Ce sont tout un tas d'outils qu'il convient d'améliorer. Et c'est également ce qu'on va continuer de faire pour l'armée, comme pour le Sport-lycée. L'important c'est que tous les partenaires soient en contact, ce qui est le cas actuellement. Pour discuter des résultats, mais également poser des questions et analyser correctement la situation. 

Romain Haas : Avec la disparition du stade Josy-Barthel, il faut se rabattre sur PINS pour l'athlétisme. Or il n'y a pas vraiment de tribunes là bas. Qu'est-ce qui est prévu sur ce point? 

Romain Schneider : Il y aura des tribunes. Il devrait y avoir environ 500 places. C'est limité, mais c'est adapté. Et en dehors des tribunes il y a la possibilité d'être autour du stade. C'est prévu d'avoir des tribunes qui permettent d'accueillir des événements européens. Ainsi que les athlètes et la presse. 

Romain Haas : Quand débutent les travaux? 

Romain Schneider :Dans les mois qui viennent. Il faudra voir un peu avec l'organisation du chantier, pour ne pas trop perturber le fonctionnement du lycée des sports. Mais bon, on a un peu de temps, puisque le stade Josy-Barthel est toujours là. Et même si les travaux pour le stade de foot ont commencé, je crois que la commune de Luxembourg ne va pas directement démolir le stade Josy-Barthel. 

Romain Haas : Au moment des prochains JPEE au Luxembourg, le vélodrome sera une réalité. Pouvez-vous nous rappeler les avancées du projet? 

Romain Schneider :Concernant le vélodrome, il n'y a rien de nouveau : il va être construit dans le cadre du lycée de Mondorf. Un planning est en cours. Et l'idée est de pouvoir utiliser cette piste cyclable également pour les écoles, le lycée. Et bien sûr les cadres nationaux en vélo. 

Romain Haas : À ce propos, peut-on envisager d'ajouter la piste au programme de ces futurs JPEE? 

Romain Schneider :Ce n'est pas de mon ressort. Il y a toujours une possibilité pour un pays organisateur d'ajouter des disciplines, comme c'était le cas avec le golf en Islande ou la pétanque à Saint-Marin. C'est une discussion qui se fait avec le COSL. Maintenant, si les infrastructures sont présentes et qu'on a des coureurs de qualité, pourquoi pas. Il ne faut pas oublier qu'un des buts de ce vélodrome est bien sûr de perfectionner des coureurs, de trouver des talents. Et aussi d'avoir d'autres disciplines olympiques. Sur la piste, il y a beaucoup de disciplines. Cela peut augmenter notre contingent d'athlètes dans des compétitions internationales. 

Romain Haas : Le sport luxembourgeois traverse une belle période. Vous êtes fier d'être le ministre des Sports du Luxembourg? 

Romain Schneider :Je suis fier que le travail fait de longue haleine soit maintenant arrivé à un terme où le sport retrouve sa valeur dans la société. Il est là pour promouvoir le Luxembourg à l'étranger. Et montrer, grâce au sport, notre dynamisme, notre ouverture d'esprit et notre image de marque. À ce titre, le nation branding de cette année met l'accent sur le sport. Et c'est quelque chose de très important pour les sportifs, les entraîneurs et les bénévoles qui donnent de leur temps depuis des années. C'est une véritable reconnaissance.

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